"Danse macabre" (Baudelaire) : de l'ekphrasis à la critique poétique

Publié le 11 Avril 2015

"Danse macabre" (Baudelaire) : de l'ekphrasis à la critique poétique

Baudelaire écrivit le poème Danse macabre après avoir vu la sculpture (du même titre) d'Ernest Christophe (voir image ci-dessus)

Dans son Salon de 1859, Baudelaire se livre à une brève **ekphrasis de l'oeuvre :

"Figurez-vous un grand squelette féminin tout prêt à partir pour une fête. Avec sa face aplatie […], son sourire sans lèvre et sans gencive, et son regard qui n’est qu’un trou plein d’ombre, l’horrible chose qui fut une belle femme a l’air de chercher vaguement dans l’espace l’heure délicieuse du rendez-vous ou l’heure solennelle du sabbat inscrite au cadran invisible des siècles. Son buste, disséqué par le temps, s’élance coquettement de son corsage, comme de son cornet un bouquet desséché, et toute cette pensée funèbre se dresse sur le piédestal d’une fastueuse crinoline. Qu’il me soit permis, pour abréger, de citer un lambeau rimé dans lequel j’ai essayé non pas d’illustrer, mais d’expliquer le plaisir subtil contenu dans cette figurine, à peu prés comme un lecteur soigneux barbouille de crayon les marges de son livre […]"

Baudelaire insère ensuite un extrait du poème correspondant dans Les Fleurs du mal (voir exemplier de l'exposé). Ce poème n'a pas pour fonction d'être une simple "illustration" verbale de l'oeuvre plastique, une simple transposition d'art. Il est une véritable recréation qui pourrait s'apparenter à ce que Baudelaire appelle dans son Salon de 1846 une "critique (...) poétique", affirmant que "le meilleur compte-rendu d'un tableau pourra être un sonnet ou une élégie".

** l' ekphrasis consiste dans la description textuelle d'une oeuvre d'art réelle ou imaginaire.

Rédigé par Maladiesthetiques

Publié dans #Cours

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